Le défi : adapter les réseaux sociaux à un déroulement des élections présidentielles plus transparent

Yacine Perrin, Ancien journaliste politique au journal « Les Autres Possibles »

Depuis le développement des réseaux sociaux au début des années 2010, l’issue des élections présidentielles françaises dépend en grande partie des publications qui y sont liées. Évidemment, il existe différentes lois visant à garantir la neutralité des réseaux sociaux et à interdire les fake news sur ces derniers. Mais ces lois sont-elles respectées ? Est-il envisageable de rendre le scrutin présidentiel final encore plus juste que ce qu’il est aujourd’hui ?

Le premier tour de l’élection présidentielle de 2022 fut l’un des plus serrés de la cinquième République. Emmanuel Macron, initialement grand favori dans les sondages, a vu certains de ses concurrents se rapprocher fortement au fil des semaines. Les multiples rebondissements ont eu lieu jusqu’au scrutin final. Les analyses ont montré que les réseaux sociaux ont eu une forte influence sur la campagne des deux candidats qualifiés pour le second tour, Emmanuel Macron et Marine Le Pen, mais aussi leurs poursuivants, Jean-Luc Mélenchon et Éric Zemmour notamment. L’influence des informations échangées sur les réseaux sociaux sur les électeurs est immense, si bien que l’on peut se demander si les réseaux sociaux ne sont pas finalement néfastes dans le contexte des élections présidentielles. En consultant les réseaux sociaux, les électeurs subissent un forte influence, voire une forme de manipulation de leur libre arbitre, parfois basée sur des informations infondées. Si des lois visant à la neutralité des réseaux sociaux et à l’interdiction des fake news existent, elles ne sont pas toujours respectées. Comment les améliorer pour que le scrutin final des présidentielles soit encore plus juste ?  Nous allons apporter des éléments de réponse à ces questions afin de mieux comprendre le fonctionnement des lois et leur mise en application.
Cette question est tout aussi délicate qu’importante. Dans un monde ou la désinformation s’avère nuisible pour les campagnes présidentielles.

La période de campagne électorale

Pour être précis, la campagne électorale représente la période qui précède le scrutin. Durant cette période, différents candidats se mobilisent pour tenter de gagner des suffrages le jour du vote. La campagne se divise en deux temps. Tout d’abord, une période qui s’étend sur les six mois qui précèdent le scrutin et qui est soumise à des règles encadrant la campagne électorale. Suite alors une période plus courte, dite de campagne « officielle », régie par des règles plus strictes. Par exemple, le temps de parole des candidats sur les chaînes d’information est calculé à la minute près, afin d’assurer une parfaite équité d’expression publique. C’est également le cas lors des débats télévisés, que ce soit comme au premier tour comme en 2017, seule élection où l’intégralité des candidats a pu débattre tous ensemble autour d’un plateau, ou que ce soit lors des débats entre les deux finalistes du second tour. Aucun candidat ne doit ne peut transgresser ces règles. Cependant, sur les réseaux sociaux, il est plus difficile, voire impossible, de contrôler le nombre de tweets ou le temps de parole. Les candidats publient des vidéos sur leur compte officiel ou le compte de leur parti, et ce temps d’expression échappe pleinement au principe d’équité.

La campagne électorale dite « officielle » est ouverte à partir du deuxième lundi précédent le jour du scrutin. Elle prend fin la veille du scrutin à minuit. En cas de second tour, la campagne électorale est ouverte dès le lendemain du premier tour et se termine également la veille du scrutin. 

Amélie Rampon Psychologue dans un cabinet à Lyon

Les lois actuellement en vigueur

L’article premier de la loi numéro 86-10 67 du 30 septembre 1986 est relative à la liberté de communication. Cette loi stipule que la communication sur internet est libre et les citoyens sans limitation peuvent en bénéficier. Mais en période électorale des dispositions différentes dispositions législatives du code électoral précisent des limites ou des interdictions plus strictes. 

Mises en place dans l’objectif de garantir un scrutin plus juste, et d’éviter les pressions sur les électeurs, ces lois sont-elles respectées aujourd’hui ? On observe que durant les élections présidentielles de nombreuses fake news sont présentes sur les réseaux sociaux et tout particulièrement sur Twitter. Évidemment, la plupart de ceux qui en sont l’auteur ne sont pas sanctionnés et leurs tweets ne sont que très rarement supprimés tant la procédure de retrait est longue et fastidieuse. Il est clair que ces informations concourent à induire en erreur les électeurs qui ne consultent pas d’autres sources d’informations, et de plus en plus, distinguer le vrai du faux révèle d’une compétence critique que certains n’ont pas. Plus récemment, la loi contre la manipulation de l’information, également appelée « loi infox » a été adoptée par le Parlement le 20 novembre 2018 et mise en application le 22 décembre de cette même année. Bien que cela puisse paraître surprenant, ce texte de loi est l’objet de nombreuses critiques, notamment car il soulève la question du respect des libertés fondamentales. En principe, cette loi rend obligatoire la transparence pour les plateformes qui auront à signaler les contenus sponsorisés en publiant le nom de leur routeur, ainsi que la somme payée. 

Les lois prévoient que l’autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) participe à cette lutte contre les fausses informations. Son lancement aura fait suite à une procédure législative qui aura eu lieu entre 2019 et octobre 2021. Cette dernière date fut celle à laquelle la loi relative à la régulation et à la protection de l’accès aux œuvres culturelles et à l’ère numérique a été publié au Journal officiel. L’art com est une autorité publique indépendante qui fonctionne de façon indépendante. L’art com régule également les médias traditionnels mais plusieurs nouveautés ont été sont à noter depuis la fusion avec le CSA.

Plus de rigueur pour un déroulement plus juste

« les informations sont très partagées sur Twitter (devenu X) et pas toujours corrigées ».

Journal « Les Echos »

Durant les élections présidentielles, les messages de haine se déchaînent sur les réseaux sociaux et tout particulièrement sur X. Certes, il existe cette loi sur les fakes news mais elle n’est pas forcément respectée par tous. Comme l’indique le journal Les Echos dans un article publié en novembre 2020 sur la propagation exponentielle des fake news, « les informations sont très partagées sur Twitter (devenu X) et pas toujours corrigées ».

Elles peuvent l’être y compris pour des personnalités extrêmement connues dans le monde comme on a pu le voir avec l’exemple de Donald Trump qui a été banni de Twitter, devenu X depuis, pour son enchaînement de fake news qui nuisait a d’autres personnalités politiques. Cependant, pour les personnes non connues, les sanctions sont rarement de cet ordre et beaucoup passent souvent entre les mailles du filet. Il est également difficile d’identifier précisément les auteurs des fake news en question. On peut donc également remettre en question l’utilisation de comptes anonymes pour les personnes qui en abusent à des fins malsains.

Fake News : Les géants des réseaux sociaux à la manœuvre (ou pas)

Les fakes news sont présentes sur tous les réseaux sociaux (source : Digiming Blog)

Il existe aujourd’hui une forme de propagande électorale celle-ci correspond à l’ensemble des communications auxquels les candidats ont recours dans le but de faire campagne via les affiches les tracts et bien entendu sur les réseaux sociaux cette propagande électorale doit être encadré afin de garantir l’égalité entre chacun des candidats. Les limitations et interdictions sont très bien encadrées lors des 48 h qui précèdent le scrutin final tous les citoyens sont d’ailleurs passibles d’une amende de 75 000 € selon le monde cette règle vise d’abord la presse mais également les internautes et les contrôles sont très intenses durant ces 48 h on pourrait à présent imaginer de mêmes restrictions mais sur l’ensemble de la campagne présidentielle avec les mêmes sanctions cette possibilité réduirait considérablement le nombre de fake news et d’informations nuisibles à la campagne durant l’ensemble de celle-ci les réseaux sociaux seraient donc alors beaucoup plus pertinents dans le but de faire en sorte que la campagne se déroule parfaitement et de manière équitable. On se souvient par exemple du débat de 2017 entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Durant cette soirée la candidate du Rassemblement national avait laissé entendre que son concurrent avait des comptes bancaires aux Bahamas, ce qui pouvait induire en erreur une partie des électeurs. Or, après vérification des fact checking il s’est avéré qu’Emmanuel Macron n’avait pas de compte aux Bahamas, et que cette fausse information supposée visait à induire en erreur les électeurs. Comme c’était lors d’un débat il n’y a pas eu de souci de vérification avec les fact checking. Mais sur les réseaux sociaux, ce n’est pas e même processus. 

Pour davantage d’efficacité, les contrôles pourraient être renforcés au quotidien durant l’ensemble de la campagne présidentielle et chacun des comptes politiques des partis politiques pourrait être contrôler afin que le même nombre de sensiblement le même nombre de tweets soient effectués selon les différents candidats, grâce à cela les électeurs seraient autant informés en fonction de chaque candidat.

Le nombre d’invitations des candidats sur les chaînes d’information n’est pas réellement contrôlé. Lors de la présidentielle de 2022 par exemple on sait qu’il a été souvent reproché à Cyril Hanouna de donner davantage de temps de parole au candidat de droite voire de droite radicale et notamment Éric Zemmour. Cela dépend de l’angle de la chaîne et des volontés des dirigeants par rapport au public visé et touché.

Pour l’avenir on pourrait imaginer davantage de rigueur et davantage de comptes x notamment bannis et les amendes que les amendes soient respectées systématiquement pour les personnes qui commettent des abus en matière de fake news. Si tel est le cas, le nombre de fausses informations qui seront diffusées au cours de ces campagnes présidentielles sera drastiquement réduit et ces élections se dérouleront dans un contexte nettement plus sain. De plus les électeurs qui cherchent à se renseigner pourront être informés avec des informations vérifiées. Les probabilités que certains électeurs soient influencés négativement serait alors très minime.

Avec plus de contrôle anti-fake news les campagnes présidentielles seraient plus saines et les attaques injustifiées à l’égard de certains seraient limitées pour le bien de tous. 

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